L’exposition en détails

• 1983 : LE CHAÎNON MANQUANT DE LA VÉRITABLE HISTOIRE DU CINÉMA

À partir des années 80, le cinéma d’Artavazd Pelechian, essentiellement montré en Union soviétique jusque-là, commence à se diffuser en Europe de l’Ouest. Une première incursion a eu lieu en 1970 lorsque le film Nous, présenté au festival international du film court d’Oberhausen en Allemagne, est récompensé par le premier prix du jury. Mais le vrai tournant a lieu en 1983. Le critique de cinéma Serge Daney, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, se déplace à Erevan puis à Moscou pour rencontrer le cinéaste. À son retour, il publie dans le quotidien Libération l’un des premiers portraits consacrés au cinéaste dans la presse occidentale, qui marque le début de sa reconnaissance internationale. Une première projection des films d’Artavazd Pelechian en France à la Cinémathèque Française a lieu en 1984, dans le cadre d’une soirée organisée par l’Association audiovisuelle arménienne.

J’ai soudain le sentiment (agréable) de me trouver face à un chaînon manquant de la véritable histoire du cinéma.

Serge Daney, « À la recherche d’Arthur Pelechian », in Libération, 11 août 1983.

Serge Daney, « À la recherche d’Arthur Pelechian », in Libération, 11 août 1983. (et traduction anglaise)


En 1988, il est invité à présenter ses films au Festival international du film de Rotterdam aux Pays-Bas, aux côtés de son compatriote le cinéaste Sergueï Paradjanov. Artavazd Pelechian effectue à cette occasion son premier voyage en dehors de l’URSS.

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Artavazd Pelechian et Sergueï Paradjanov, Rotterdam, 1988. Photo © Patrick Cazals.
Artavazd Pelechian avec le cinéaste malien Souleymane Cissé et son épouse, Rotterdam, 1988. Photo © Patrick Cazals.

Artavazd Pelechian et Sergueï Paradjanov, Rotterdam, 1988. Photo © Patrick Cazals.


Artavazd Pelechian au Festival International de cinéma de Rotterdam, 1988. Réalisation : Michael Pilz.
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Artavazd Pelechian au Festival International de cinéma de Rotterdam, 1988. Réalisation : Michael Pilz.

En 1989, Jean-Luc Godard découvre avec admiration les films d’Artavazd Pelechian à l’occasion du Festival de Nyon en Suisse, dans le cadre d’une rétrospective de cinéma arménien. Le cinéaste franco-suisse sera par la suite, avec Serge Daney, l’un des plus ardents promoteurs du cinéma d’Artavazd Pelechian. Toujours en 1989, le journaliste Patrick Cazals publie dans les Cahiers du cinéma le premier entretien du cinéaste dans une revue occidentale. Serge Daney, quant à lui, fait paraître en 1992, dans le deuxième numéro de sa revue Trafic, la version française du texte théorique d’Artavazd Pelechian sur sa méthode de montage à distance.

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Affiche du 19e Festival International du Film Documentaire de Nyon, 1989.


Catalogue du 19e Festival International du Film Documentaire de Nyon, 1989

Trafic, n°2, 1992, Éditions P.O.L.


Patrick Cazals, « La Galaxie Pelechian », in Les Cahiers du Cinéma, 1989.



Entretien avec Jean-Michel Frodon, 2020.
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Entretien avec Jean-Michel Frodon, 2020.

• 1992 : RÉTROSPECTIVE AU JEU DE PAUME ET RENCONTRE AVEC JEAN-LUC GODARD

En 1992, la Galerie nationale du Jeu de Paume organise à Paris la première rétrospective des films d’Artavazd Pelechian en Occident. Le programme comprend cinq films : Au début, Nous, Les Habitants, Les Saisons et Notre Siècle. À cette occasion, paraît dans Le Monde une conversation exceptionnelle entre Artavazd Pelechian et Jean-Luc Godard, fruit d’une rencontre à Paris organisée par le critique de cinéma Jean-Michel Frodon. Les deux cinéastes s’y interrogent notamment sur les traductions des termes cinématographiques dans chaque langue et les approches différentes qu’elles suggèrent. À ce propos, à la place du terme « montage » qu’il dit ne pas trouver satisfaisant, Artavazd Pelechian propose d’utiliser la formule « la mesure de l’ordre ». Cette conversation inédite est accompagnée d’un texte de Jean-Michel Frodon intitulé « L’Invention de Pelechian ».

Je cherche un montage qui créerait autour de lui un champ magnétique émotionnel.

Artavazd Pelechian, Un langage d’avant Babel, conversation avec Jean-Luc Godard, in Le Monde, 1992.

Conversation entre Artavazd Pelechian et Jean-Luc Godard, « Un langage d’avant Babel » (et traduction anglaise) suivi du texte de Jean-Michel Frodon, « L’invention de Pelechian » in Le Monde, 2 avril 1992.

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Artavazd Pelechian à Paris, c. 1990

Programme de la rétrospective Artavazd Pelechian, Jeu de Paume, Paris, mars 1992

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• 1992-1993 : FIN ET VIE À L'HEURE DE L’EFFONDREMENT DE L’URSS

En 1992 et 1993, Artavazd Pelechian réalise deux films, Fin et Vie, un diptyque longtemps considéré comme un magistral point d’orgue apporté à sa filmographie, jusqu’à la réalisation de La Nature, vingt-sept ans plus tard. À l’heure de la disparition de l’Union soviétique et de l’effondrement du bloc de l’Est, ces deux films sont alors accueillis comme une allégorie des bouleversements en cours.

1992 : Fin
Վերջը | Конец

Film 35 mm, noir et blanc, 8 min, Arménie

Au cours d’un voyage en train de Moscou à Erevan, Artavazd Pelechian filme les passagers, hommes et femmes d’âges et d’origines diverses. Ce voyage collectif, au défilement ininterrompu et à l’horizon incertain, se lit comme une métaphore de la vie, une certaine idée du destin.

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Artavazd Pelechian, Fin, 1992, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


Artavazd Pelechian, Fin, 1992, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


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Artavazd Pelechian, Fin, 1992, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


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Artavazd Pelechian, Fin, 1992, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


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Artavazd Pelechian, Fin, 1992, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


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Artavazd Pelechian, Fin, 1992, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


Artavazd Pelechian : Fin (1992) extrait.
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Artavazd Pelechian : Fin (1992) extrait.

1993 : Vie
Կյանք | Жизнь

Film, 35 mm, couleur, 7 min, Arménie / URSS

Vie célèbre l’instant de la naissance à travers des images de femmes en travail et de nouveau-nés. Véritable hymne à la vie, le film fait référence à l’iconographie religieuse pour évoquer le mystère de la mise au monde.

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Artavazd Pelechian, Vie, 1993, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


Artavazd Pelechian, Vie, 1993, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


Artavazd Pelechian, Vie, 1993, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


Artavazd Pelechian, Vie, 1993, image tirée du film. © Artavazd Pelechian. DR.


Artavazd Pelechian : Vie (1993) extrait.
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Artavazd Pelechian : Vie (1993) extrait.

• 1990-2019 : PROJECTIONS ET HOMMAGES DANS LE MONDE ENTIER

À partir des années 1990 et au cours des décennies suivantes, les œuvres d’Artavazd Pelechian sont montrées dans divers festivals et institutions à travers le monde et le cinéaste se déplace fréquemment pour accompagner ces présentations. On peut notamment voir ses films lors de projections à la Berlinale (1990), au festival du film de San Francisco (1991), au MoMA à New York (1999), à la Kunsthalle de Vienne (2004), au festival international du film de Melbourne (2012), à L’Étrange Festival à Paris dans le cadre d’une carte blanche donnée au cinéaste Godfrey Reggio (2014), à BOZAR Bruxelles (2015), au festival international du film de Toronto (2017) et à la Cinémathèque de Lisbonne (2019). Son voyage à San Francisco en 1991 est pour lui l’occasion d’une rencontre avec Francis Ford Coppola dont il admire par-dessus tout Le Parrain. À propos de ses films préférés, Artavazd Pelechian déclare lors d’une master classe donnée aux étudiants de l’école de cinéma de Erevan en 2012 : « J’adore le cinéma américain, russe et chinois. Mes trois films préférés sont Le Parrain de Francis Ford Coppola, Le Don paisible de Sergueï Guerassimov et Histoires de fantômes chinois de Ching Siu-tung. »

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Peter Scarlet, Artavazd Pelechian et Francis Ford Coppola, San Francisco, 1991
Godfrey Reggio et Artavazd Pelechian, Moscou, 2014.

« Avec Au Début, Artavazd Pelechian a créé une œuvre d'une force inouïe qui renferme toute la puissance explosive de l’âme. Y a-t-il plus haute qualité dans l’art ? » Sergueï Guerassimov, 20 février 1968 (extrait).


Artavazd Pelechian à Copenhague, 1990.

Catalogue de l'exposition Our Century, Kunsthalle de Vienne, Autriche, 2004.


Programme de la rétrospective Artavazd Pelechian à BOZAR, Bruxelles, 2015.


Programme de la rétrospective Artavazd Pelechian à BOZAR, Bruxelles, 2015.


Programme de la rétrospective Artavazd Pelechian à BOZAR, Bruxelles, 2015.


Aïda Galstyan et Artavazd Pelechian avec le comédien et réalisateur Serge Avédikian, Institut Lumière, Lyon, 2015.
Programme du Festival International du Film de Toronto, Canada, 2017.
Programme de la rétrospective Artavazd Pelechian à la Cinémathèque portugaise, Lisbonne, 2019.

Scott MacDonald, Entretien entre Artavazd Pelechian, A Critical Cinema 3 – Interview with Independent Filmmakers, 1998. University of California Press.



Son cinéma devient une référence dans les programmes d’écoles de cinéma. En 1993, invité par la Fémis à Paris, il s’entretient avec les étudiants de l’école qui l’interrogent sur ses conceptions cinématographiques et notamment sa méthode de montage à distance.

— Filmez-vous vos propres images ? — Je m’occupe de tout. Je fais le scénario, je fais la mise en scène, je choisis le son et je fais le montage.

Conversation entre Artavazd Pelechian et les étudiants de la Fémis, 1993.

Conversation entre Artavazd Pelechian et les étudiants de la Fémis, Paris, 1993.

• 2011 : PIETRO MARCELLO, LE SILENCE DE PELECHIAN

En 2011, le réalisateur italien Pietro Marcello (La bocca del lupo, Martin Eden) réalise le film Il silenzio di Pelešjan [Le Silence de Pelechian, 52min ]. Pour ce portrait attentif et silencieux du cinéaste, Pietro Marcello séjourne à Moscou où Artavazd Pelechian vit alors. Il filme le cinéaste au plus près et saisit des instants de vie quotidienne lors de ses déplacements dans la ville ou chez lui dans son appartement moscovite, séquences entrecoupées d’extraits de ses films. À l’occasion de l’exposition Artavazd Pelechian, La Nature, Pietro Marcello réalise un nouveau montage du film, d’une durée de trente minutes, présenté ici en exclusivité.

Pietro Marcello, « Le Silence de Pelechian », 2020.
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Pietro Marcello, « Le Silence de Pelechian », 2020.

Pietro Marcello

Après avoir étudié la peinture à l’Académie des beaux-arts de Naples, Pietro Marcello fait ses débuts en 2000 comme assistant réalisateur. À partir de 2005, il est l’auteur de plusieurs films documentaires, notamment en 2009 La Bocca del lupo, récompensé par de nombreux prix (premier prix Festival de Turin, David di Donatello du meilleur documentaire) et en 2015 l’essai poétique Bella e perduta en 2015 présenté aux festivals de Toronto et de Locarno. En 2019, il réalise son premier film de fiction, Martin Eden. Basé sur le roman de Jack London, le film est présenté à la Mostra de Venise (l’acteur principal Luca Marinelli y reçoit la Coppa Volpi) et au festival de Toronto où il remporte le prix Platform.

• 2016 : UNE SYMPHONIE DU MONDE

En 2016, paraît le recueil de textes Artavazd Pelechian, Une symphonie du monde aux éditions Yellow Now, sous la direction de Claire Déniel et Marguerite Vappereau. Première exploration en profondeur, éditée en français, du parcours et de la filmographie du cinéaste, il rassemble des textes historiques ayant jalonné la reconnaissance en France d’Artavazd Pelechian ainsi que des textes inédits portant sur chacun de ses films.

Artavazd Pelechian, Une symphonie du monde, sous la direction de Claire Déniel et Marguerite Vappereau, 2016. Éditions Yellow Now.
Entretien avec Marguerite Vappereau, 2020.
04:20

Entretien avec Marguerite Vappereau, 2020.