Composée entre les deux guerres, l’œuvre peu connue en Europe des frères Fukuhara joue un rôle important dans l’avènement de la photographie japonaise. Elle est aussi, dans les regards croisés des deux frères, un témoignage émouvant sur l’histoire d’un pays qui, en trente ans, sous l’effet de sa rencontre avec l’Europe, précipité par le choc de la guerre, s’ouvre à l’Occident et à la modernité. C’est ce mouvement, ce passage d’un monde strictement organisé à un monde bouleversé que photographie Shinzo. Lui, le voyageur, l’homme d’affaires, l’esthète, le théoricien, est l’auteur de ces images nostalgiques et mélancoliques. Mélancolie qui devine la guerre. Mélancolie qui le conduit à chercher à Hawaï des paysages hors du temps, hors de l’histoire, mais d’où il rapporte ses photographies les plus désespérées. Celles qui annoncent la guerre. Comme ces images d’arbres : des arbres détruits sur une plage dévastée. Simultanément, son frère Roso, le solitaire, est déjà passé de l’autre côté, sans nostalgie apparente, comme s’il lui fallait rompre le plus vite possible avec le passé. D’où ses images fixes, frontales, statiques, objectives. Shinzo et Roso Fukuhara : deux regards sur une même histoire.
Exposition .
Shinzo et Roso Fukuhara, Photographies 1913-1941 .
Du au
Aperçu de l’exposition
La Fondation Cartier présente une exposition consacrée aux photographes japonais Shinzo et Roso Fukuhara, pionniers de la « photographie artistique » au Japon. Cette exposition réunit soixante photographies réalisées entre 1913 et 1941 ; elles sont présentées pour la première fois hors du Japon.
Artistes et contributeurs de l’exposition :
- Roso Fukuhara,
- Shinzo Fukuhara