Parcours Explorations architecturales

Le parcours commence avec l'appréciation extérieure du bâtiment, la balade sous les arcades et l’entrée par la place du Palais Royal. 

L’histoire de ce bâtiment s’ancre dans la transformation de son quartier, celui du Louvre, au 19e siècle sous l’impulsion du baron Hausmann. Le bâtiment a été construit pour l’Exposition Universelle de 1855, pour accueillir des touristes venus pour l’occasion et porte le nom de Grand Hôtel du Louvre. Petit à petit, cet hôtel dont le rez-de-chaussée était déjà équipé de commerces à son ouverture, évolue pour devenir en 1887 Les Grands Magasins du Louvre qui proposent un foisonnement de produits en tout genre et de régulières “expositions” de nouveautés. Dans les années 1970, le bâtiment se transforme à nouveau pour accueillir Le Louvre des Antiquaires et ses 240 boutiques, qui disparaitra en 2019.  

Le nouveau projet architectural de la Fondation Cartier est confié à Jean Nouvel. Celui-ci celui-ci épure le bâtiment en enlevant les modifications intérieures datant des occupations successives, notamment les nombreuses cloisons qui délimitaient les boutiques du Louvre des Antiquaires. De ces différentes vies, il ne subsiste aujourd’hui que les façades extérieures datant de la construction du bâtiment qui comprennent notamment les fameuses arcades côté rue de Rivoli et place du Palais Royal.  

La circulation du regard dans le bâtiment est un aspect majeur du projet. La possibilité de balayer l’espace d’une extrémité à l’autre du bâtiment et de haut en bas rend les volumes compréhensibles et vastes. Pour Jean Nouvel, « Il faut tout enlever, tout ce qu’on peut, en dehors des porteurs indispensables. Il faut que le regard traverse une chose dans laquelle il n’y a rien. » 

La transparence contribue beaucoup à la circulation du regard. Celle-ci commence dès l’extérieur du bâtiment où les larges baies vitrées créent l’apparence d’un bâtiment sans mur où l’on peut découvrir les œuvres présentées à l’intérieur, comme si l’espace d’exposition débordait dans la ville ou inversement. L’ajout de trois plafonds vitrés accentue cette impression de débordement de l’extérieur vers l’intérieur. La sensation inverse existe aussi : depuis l’intérieur, la ville, les passants, les changements de lumière circulent librement et semblent vivre aussi à l’intérieur du bâtiment.  

Autre ajout de Jean Nouvel : la création d’un auvent en verre du côté de la rue Saint-Honoré qui renforce l'unité urbaine singulière et fait converger les expériences de la rue, des arcades historiques et des espaces intérieurs. 

Autre dimension capitale du projet architectural : la modularité du bâtiment. Dans cet immense espace, les traces du passé haussmannien coexistent avec l’implantation d’une machinerie industrielle apparente : cinq plateaux d’acier avec leurs signes de mobilité visibles. Ces plateformes sont tantôt des planchers, tantôt des plafonds qui peuvent, chacune, monter et descendre sur leur axe vertical pour modifier l’espace d’exposition ainsi que la luminosité.  

Cette architecture dynamique permet de créer des vides et des pleins, d’ajouter ou de réduire la profondeur du regard ou encore de multiplier des points de vue sur les œuvres. Elle offre un renouvellement de la manière de concevoir des expositions, une infinité d’option pour les artistes et une expérience de visite inédite.  

Ecrin idéal pour la monstration de toutes formes de créations contemporaines, le bâtiment accueille pour son inauguration une grande partie des œuvres de la collection de la Fondation. Réparties en quatre thématiques, l’une d’elle, intitulée Machines d’architecture propose la découverte d’artistes et architectes qui proposent leur vision alternative. 

Sur la même plateforme, on découvre la maquette d’un projet utopique pour Kinshasa par Bodys Isek Kingelez, l’étonnante Petite cathédrale d’Alessandro Mendini, colorée, odorante et sonore, ainsi qu’un extrait de projet pour une chapelle monumentale de l’architecte japonais Junya Ishigami. Plus loin dans le parcours, on découvre les dessins de villes vives et détaillées de Mamadou Cissé ainsi qu’une kitsch reconstitution de salle de bal de Freddy Mamani, l’architecte bolivien qui a transformé sa ville d’El Alto avec ses architectures colorées et géométriques.  

Le parcours est semé d’autres expérimentations architecturales et permet d’offrir un nouveau regard sur cette pratique et son pouvoir transformateur.