Jaider Esbell

Il a grandi au sein des mouvements de défense des droits territoriaux et culturels Makuxi des années 1980-1990 et sous l’influence spirituelle de Bernaldina Makuxi, maîtresse des traditions cérémonielles de son peuple. Il se qualifiait lui-même comme “artiviste” (artiste activiste). Il était également commissaire d’exposition indépendant — curateur piya’san (chaman) selon ses propres termes, promoteur inlassable de l’Arte Indígena Contemporânea. Sa peinture, dont l’imagerie est largement issue des cosmologies indigènes, évoque la résistance ancestrale des peuples autochtones face au colonialisme, tout en questionnant la vision hégémonique de l’art occidental. En 2012, Jaider Esbell publie son premier livre et fonde l’année suivante sa propre galerie à Boa Vista. En 2016, il reçoit le prix PIPA, l'un des plus importants prix d'art contemporain brésilien, qui lui permet de se consacrer entièrement à son art. En 2021, la Biennale de São Paulo lui confie une grande exposition d'art contemporain des peuples autochtones du Brésil,  Moquêm_Surarî, au Musée d'art moderne. Il s'éteint en novembre 2021, alors au sommet de sa carrière artistique. Son engagement politique et son œuvre resteront gravés dans la mémoire de la lutte des peuples amérindiens et dans celle, plus globale, de l’art contemporain. 

La collection de la Fondation Cartier comprend une œuvre de Jaider Esbell intitulée Makunaimî cria os espelho universal (2021), présentée au sein de l’Exposition Générale (2025-2026). En 2022, il participe à l’exposition Les Vivants organisée par la Fondation Cartier à Lille3000 et à Siamo Foresta à Milan, une exposition mettant en scène une rencontre inédite entre penseurs et artistes autochtones et non-autochtones autour de la question de la forêt.