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Sally Gabori

Né en 1924, Île Bentlinck (Australie)
Décédé en 2015, Île Mornington (Australie)

Sally Gabori dans son studio, Mornington Island, années 2010

Considérée comme l’une des plus grandes artistes contemporaines australiennes de ces deux dernières décennies, Sally Gabori commence à peindre en 2005, vers l’âge de 80 ans, et atteint rapidement une renommée artistique nationale et internationale.

En quelques années d’une rare intensité créatrice, jusqu’à sa disparition en 2015, elle élabore une œuvre unique aux couleurs vibrantes sans attache apparente avec d’autres courants esthétiques, notamment au sein de la peinture aborigène contemporaine. Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori appartient au peuple kaiadilt et parle la langue kayardilt.

En 1948, à la suite d’un cyclone et d’un raz-de-marée qui inondent une grande partie de leurs terres et contamine les réserves d’eau douce, les kaiadilt, dont Sally Gabori et l’ensemble de sa famille, sont évacués vers la mission presbytérienne de l’île Mornington. Leur exil, qu’ils pensaient de courte durée, s’étendra finalement sur plusieurs décennies. À leur arrivée à Mornington, les Kaiadilt sont installés dans des campements sur la plage, et les enfants séparés de leurs parents et installés dans des dortoirs de la mission, avec interdiction de parler leur langue maternelle, rompant ainsi tous liens avec leur culture et leurs traditions. Vers l’âge de 80 ans, Sally Gabori se rend pour la première fois au centre d’art de Mornington. Ce premier contact avec la peinture est pour elle une révélation. Dès lors, elle s’y rend dès qu’elle le peut, peignant parfois plusieurs toiles par jour. En apparence abstraites, ses peintures célèbrent à la fois différents lieux de son île natale, que Sally Gabori n’a pas revue depuis près de quarante ans, et les personnes de sa famille qui y sont liées par leurs noms. Ses œuvres constituent autant de références topographiques que de récits ayant une signification profonde pour elle, sa famille et son peuple. Combinaison de couleurs, jeu de formes, superposition de surfaces, variation de formats : pendant les neuf années de son activité artistique, Sally Gabori peint près de 2000 toiles explorant les multiples ressources de l’expression picturale.

La Fondation Cartier a été la première institution française à accueillir une exposition personnelle de Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori hors de l’Australie en 2021. Cette exposition a également été présentée à Triennale Milano dans le cadre de son partenariat avec la Fondation Cartier en 2022. La Fondation Cartier met à l’honneur la vie et l’œuvre de cette artiste à travers un projet en ligne accessible à tous sur son site internet. Fruit d’un ambitieux travail de recherche mené en étroite collaboration avec la famille de Sally Gabori et la communauté Kaiadilt, ce projet inédit revient sur le parcours extraordinaire de cette grande artiste kaiadilt et témoigne de la richesse de son travail et de l’important legs culturel qu’elle a laissé aux générations de sa communauté. À travers de nombreux documents et témoignages exclusifs, ce site dévoile l’ensemble d’archives le plus exhaustif jamais réuni auparavant sur l’histoire de Sally Gabori.