Raymond Hains

En 1945, il s'inscrit à l'École des Beaux-Arts de Rennes, où il rencontre Jacques Villeglé. Ensemble, ils travaillent à partir d'affiches déchirées trouvées dans la rue, captant ainsi « des fragments dérobés à la réalité ». La même année, fasciné par l'œuvre d'Emmanuel Sougez, directeur du service photographies de la revue France-Illustration, Raymond Hains se fait engager à Paris dans le laboratoire de la revue, où il expérimente la déformation des sujets figuratifs de ses clichés. Il invente “l’hypnagogoscope” à partir de morceaux de verre cannelés trouvés, sorte de lunettes déformantes qui donne naissance à une écriture inédite faite de la distorsion de typographies. Raymond Hains entre pleinement dans l'univers des jeux de mots, des lapalissades et des calembours à la fin des années 1950. Il découvre aussi les entrepôts Bompaire où sont stockés des palissades de récupération et des panneaux d'affichage en tôle galvanisée, et avec lesquels il réalise des œuvres de grand format. Cet attrait pour l'esthétique de la rue et les hasards se retrouvent dans ses photographies de « sculptures de trottoirs » à la fin des années 1990. En 1997, il met au point les « Macintoshages », des compositions sur écrans à partir de diverses fenêtres informatiques ouvertes. L'outil numérique lui permet d'être encore plus agile dans ses associations d'images et d'idées. 

En 1986, Raymond Hains est invité à exposer à la Fondation Cartier à Jouy-en-Josas, située non loin de la Bièvre. Cela donne lieu à un Hommage au Marquis de Bièvre, inventeur du mot « Kalembour » dans l’encyclopédie de Diderot. En 1995, il présente une exposition intitulée Les 3 Cartier. Du Grand Louvre aux 3 Cartier conçue pour les espaces de la Fondation Cartier, boulevard Raspail, où il développe un projet d’envergure. Il offre un entrelacement d'événements historiques, de souvenirs personnels, de références littéraires et de réflexions artistiques par le biais d’installations et de photographies. Une série emblématique sera consacrée au chantier du Grand Louvre, en pleine effervescence à cette époque.