Photo © Cyril Marcilhacy / Lumento.
Photo © Marc Domage.
Photo © Marc Domage.
Photo © Luc Boegly.
Photo © Cyril Marcilhacy / Lumento.
Photo Michel Slomka / MYOP – Lumento.
Photo © Marc Domage .
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Aperçu de l’exposition

Du 8 décembre 2022 au 30 avril 2023, la Fondation Cartier présente La Vallée, une grande monographie consacrée à la peinture de Fabrice Hyber. Dans ses toiles peintes « du bout des doigts », l’artiste français donne à voir le déploiement d’une pensée libre et vivante. Réunissant une soixantaine de toiles dont près de quinze œuvres produites spécifiquement pour l’exposition, Fabrice Hyber crée au sein de la Fondation Cartier pour l'art contemporain une école ouverte à toutes les hypothèses. Le visiteur est invité à traverser différentes salles de classe selon un parcours qui suit les méandres de la pensée de l’artiste.

Artiste, semeur, entrepreneur, poète, Fabrice Hyber est l’auteur d’œuvres prolifiques précisément répertoriées. Faisant fi des catégories, il incorpore dans le champ de l’art tous les domaines de la vie, des mathématiques aux neurosciences, en passant par le commerce, l’histoire, l’astrophysique, mais aussi l’amour, le corps et les mutations du vivant.

Artistes et contributeurs de l’exposition :
  • Fabrice Hyber

L’exposition en détails

J’ai toujours considéré que mes peintures étaient comme des tableaux de classe, ceux sur lesquels nous avons appris à décortiquer nos savoirs par l’intermédiaire d’enseignants ou de chercheurs. On y propose d’autres mondes, des projets possibles ou impossibles. Dans cette exposition, j’ai choisi d’installer des œuvres à la place de tableaux d’une possible école.

Fabrice Hyber

Galerie d’images

Fabrice Hyber. Impossible, 100 pommes, 1000 cerises, 2006.
Huile, fusain et collage papier sur toile, 150 x 250 cm
© Fabrice Hyber / Adagp, Paris, 2022

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Fabrice Hyber. Confort éternel, 2022
Fusain, peinture à l’huile et pastel sur toile. 150 x 250 x 2,5 cm
© Fabrice Hyber / Adagp, Paris, 2022

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De la Vallée à l’œuvre

Les multiples dimensions de l’art de Fabrice Hyber trouvent leur origine dans la forêt qu’il fait pousser depuis les années 1990 au cœur du bocage vendéen, autour de l’ancienne ferme de ses parents, éleveurs de moutons. Les quelque 300 000 graines d’arbres, de plusieurs centaines d’essences différentes, semées selon une technique patiemment mise au point, ont transformé progressivement les terres agricoles en une forêt de plusieurs dizaines d’hectares. Le paysage est devenu œuvre.

« Avec la Vallée, je voulais d’abord reconstituer un paysage arboré autour de la ferme de mes parents pour créer une barrière naturelle avec l’agriculture industrielle environnante et ceux qui la développaient. Chaque fois que quelque chose se met en place, je porte mon regard ailleurs pour trouver des choix alternatifs. C’est systématique. »

Lieu d’apprentissage, d’expérimentation, de refuge, la Vallée est devenue la matrice et la source d’inspiration de l’ensemble de l’œuvre de l’artiste, qui compare volontiers sa pratique avec la croissance organique du vivant : « au fond je fais la même chose avec les œuvres, je sème les arbres comme je sème les signes et les images. Elles sont là, je sème des graines de pensée qui sont visibles, elles font leur chemin et elles poussent. Je n’en suis plus maître. »

Galerie d’images

Fabrice Hyber

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© Michaël Huard

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© Cyril Marcilhacy / Lumento

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© Charles-Henri Paisan / Lumento

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© Marc Domage

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© Julien Raison / Lumento

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Peindre une pensée en mouvement

Photo © Marc Domage.

Parmi la grande variété des pratiques artistiques de Fabrice Hyber, aucune n’évoque davantage l’action de semer que la peinture. Point de départ de chacun de ses projets, portant en germe toute œuvre à venir, elle occupe une place primordiale dans le travail de l’artiste. Sur des toiles de grand format alignées dans son atelier, Hyber formule des hypothèses, associe des idées, invente des formes, joue avec les mots :

« Depuis le début de mon travail, j’utilise beaucoup d’eau et très peu de matière. Cela donne des effets incroyables, des toiles très légères. Mes peintures à l’huile sont uniquement des aquarelles. Il y a très peu d’intervention finalement, je fais la même chose dans mes peintures que dans la nature. »

Passant d’un tableau à l’autre, il note ici une phrase, dessine là une image, colle ailleurs un objet, par petites touches, au gré de son imaginaire et de ses spéculations. Chaque étape compte. Ce processus de création « par accumulation » enrichit l’œuvre de toutes les potentialités ouvertes par la pensée en mouvement. La toile devient ainsi un espace d’apprentissage et d’enseignement : « J’apprends en faisant et je veux transmettre ».

Une exposition-école

Si Fabrice Hyber a imaginé son exposition comme une école, c’est précisément pour partager cette autre façon d’apprendre, née notamment dans la Vallée. L’exposition, par sa scénographie qui rappelle les salles de classe autant que les cours de récréation, encourage le visiteur à s’instruire, se déplacer, ouvrir des portes, regarder par-dessus des fenêtres, enjamber des formes, jouer, mais aussi s’asseoir sur un banc ou face à un bureau pour observer les œuvres qui servent de tableaux noirs à cet apprentissage. Fabrice Hyber y met en scène diverses manières d’apprendre à partir d’un tableau. Dans de courtes vidéos qui accompagnent les œuvres, l’artiste parcourt à nouveau le cheminement mental qui a présidé à leur création. Il invite le visiteur à s’appuyer sur les brèches ouvertes par les toiles pour formuler ses propres hypothèses, faire ses propres associations :

« Ce qui est important dans une école selon moi, plus qu’apprendre des choses, c’est apprendre à les regarder, à observer comment elles évoluent. »

Des cours ouverts à tous les visiteurs seront proposés par des médiateurs spécialistes de sujets aussi divers que les mesures du monde, les formes des fruits, l’hybridation des corps, la météo, le sport, le jeu, la digestion ou encore la transformation. S’y ajoutent un ambitieux programme de classes en résidence coorganisé avec des écoles partenaires*, ainsi que des « cours du soir », accessibles également sous forme de podcasts. Dispensés en duo par des experts dans leurs domaines, ces cours sont l’occasion d’éprouver les hypothèses proposées par l’artiste dans ses œuvres. En faisant se rencontrer un chef et un jardinier, une athlète et un philosophe, une climatologue et une écrivaine, un chorégraphe et une sexologue, ou encore un paysagiste et une historienne de l’art,

La Vallée assemble les savoirs, reflétant en cela toute la richesse de la démarche artistique de Fabrice Hyber.

Galerie d’images

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© Cyril Marcilhacy / Lumento

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© Marc Domage

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© Cyril Marcilhacy / Lumento

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© Cyril Marcilhacy / Lumento

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© Marc Domage

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© Cyril Marcilhacy / Lumento

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© Cyril Marcilhacy / Lumento

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« La Vallée », un documentaire en deux parties

Depuis 2019, Karim Hapette et Michaël Huard filment la Vallée de Fabrice Hyber pour créer un documentaire en deux parties : La Vallée et Les Hommes de la Vallée.

L'artiste raconte comment est née cette forêt aux 100 000 arbres d’essences variées, peuplée d’animaux sauvages et d’oiseaux au chant envoûtant. La caméra se tourne ensuite vers ses complices : collaborateurs, amis ou voisins nous livrent un témoignage sensible sur leur collaboration avec l'artiste.

Photo © Charles-Henri Paisan / Lumento.

Fabrice Hyber

Fabrice Hyber, né en Vendée en 1961, étudie les mathématiques avant d’entrer à l’École des beaux-arts de Nantes. Partant invariablement de la pratique du dessin et de la peinture, il investit tous les modes d’expression. Interférences, interactions, influences sur les comportements... sont au cœur de sa démarche.

Sa manière de procéder à géométrie variable s’enrichit chaque fois d’un dialogue avec de multiples disciplines (de la physique aux neurosciences, de l’astronomie à la phytothérapie...) pour renvoyer le spectateur/acteur à un chantier plus vaste. Ainsi, qu’il s’agisse de L’Hybermarché au Musée d’Art Moderne de Paris, ou de Eau d’or, Eau dort, ODOR, un studio de télévision pour lequel il recevra le Lion d’Or à la Biennale de Venise en 1997 ou de la Chaosgraphie des 4 Saisons... de Vivaldi avec Angelin Preljocaj, Hyber convoque dans chacun de ses projets plusieurs dimensions et sans jamais s’en tenir à un vocabulaire plastique défini, investit une multitude d’écritures et de supports.

Après avoir mis en place le terme d’artiste-entrepreneur dès la fin des années 1980, il crée en 1994 Unlimited Responsibility (UR), une SARL destinée à favoriser la production et les échanges de projets entre les artistes et les entrepreneurs. Dans une même volonté d’induire ou de générer de nouveaux comportements, il initie en 2012 avec l’Institut Pasteur le projet Organoïde qui met en relation chercheurs et artistes afin de proposer au grand public une nouvelle vision de la recherche biomédicale et de ses enjeux.

Présent dans de nombreuses collections nationales et internationales, Fabrice Hyber est intervenu dans une multitude de commandes. Ses Homme de Bessines, petites sculptures anthropomorphes dont les orifices corporels crachent de l'eau envahissent depuis 1991 des villes en France comme à l’étranger.

L’Artère – le jardin des dessins, sol dessiné de 1001m2 dans le Parc de La Villette est un lieu de vie et de sensibilisation au VIH, alors que Le Cri, l’Ecrit commémore au cœur du Jardin du Luxembourg, l’abolition de l’esclavage. Il est également l’auteur d’Equilibrium, un jardin de sculptures au Japon et d’un autre à Marfa au Texas.

La transmission est au cœur du travail de cet artiste pour qui « l’art est l’unique possibilité d’apprendre le monde en faisant interagir les disciplines ».

Il enseigne à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de 2002 à 2005, puis créé le programme Les Réalisateurs, mené en collaboration avec des écoles d’art et de commerce. Il a le projet de créer diverses « formations » mêlant les disciplines, à Pantin dans le cadre de Hyber-fabrique, à Villefranche-sur-Mer, et bien sûr en Vendée où il crée sa fondation.

Fabrice Hyber est élu à l’Académie des Beaux-Arts en 2018, et a été nommé en 2021 ambassadeur du fonds Office National des Forêts-Agir pour la forêt.